Les 5 clés du bonheur de Tal Ben Shahar

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A l’occasion de la sortie de son nouveau livre Les 5 clés du Bonheur, j’ai eu la joie de retrouver Tal Ben Shahar, mon professeur de psychologie positive, de retour en France pour quelques jours. Chaque année nous intervenons ensemble lors d’un forum réservé aux femmes pour les inciter à se déployer et se révéler. L’an dernier, évidemment, nous en avions été privés.

L’occasion de faire le point sur l’année folle qui vient de s’écouler.

 

Tal, en quoi la pandémie vous a-t-elle le plus affecté sur le plan personnel ?

Elle m’a pris par surprise. En mars 2020, mon carnet de conférences était complet. J’étais attendu à Miami, en Corée, au Mexique et très excité par ces voyages. C’était probablement ma meilleure année de ce point de vue là. Puis en 2 semaines, je suis passée de 100 conférences prévues à zéro et j’ai eu peur. Car c’est ainsi que je gagne ma vie.

Après le choc initial, j’ai éprouvé du soulagement, car la pression avait disparu, j’ai passé plus de temps avec ma famille, puis la peur est revenue. Mais nous avons heureusement découvert le monde en ligne et j’ai pu enseigner à nouveau.

L’année a été difficile sur le plan de l’énergie, j’ai été plus anxieux que d’habitude et eu plus peur pour la santé de ma famille et de mes parents. De véritables montagnes russes. J’ai beaucoup appris sur la psychologie, sur moi-même et sur le monde. J’espère que les choses vont s’arranger.

 

Vous êtes un théoricien du bonheur. Vous avez des clés, des trucs et des études à votre disposition. Auxquels avez-vous fait appel cette fois-ci ?

A la fois sur le plan personnel et professionnel, après avoir expérimenté des choses, je suis revenu aux fondamentaux en pratiquant finalement plus que ce que je pratiquais déjà.

Par exemple, l’exercice physique est indispensable à ma santé mentale. Depuis des années je fais du sport religieusement 3 fois par semaine. Un jour on, un jour off. Depuis la Covid, je ressens le besoin d’en faire 5 à 6 jours par semaine.

Vous savez aussi combien je considère que tenir un journal à propos de nos difficultés ou pour consigner la gratitude est important. En temps normal j’y écrivais une fois toutes les 3 semaines. Pendant l’épidémie, j’y ai écrit au moins une fois par semaine. J’en avais plus besoin.

 

Consultez-vous personnellement des thérapeutes ?

 Non, mais je suis pour, si cela peut aider. Certaines personnes y trouvent leur compte alors que d’autres peuvent parler de leurs émotions, peurs et insécurités profondes à leurs proches ou partenaire. Je recommande d’en faire l’expérience et de décider si cela nous convient.

 

La psychologie positive est réputée préventive. En France, les derniers chiffres indiquent que 15% de nos compatriotes souffrent actuellement de dépression. C’est une déferlante.

Les chiffres sont probablement supérieurs à cela, car tout le monde ne s’exprime pas sur ce sujet. Les taux d’anxiété sont aussi élevés. La première choses à faire est d’accepter que les choses soient difficiles. Demi Lovato que j’ai rencontré via mes enfants chante « It’s OK not to be OK ». Il est toujours important d’accepter que ça ne va pas, surtout en ce moment, car se reprocher de ne pas se sentir bien, exacerbe la situation et aggrave les choses. Acceptons que nous traversons une période très chaotique dans l’histoire de l’humanité sur le plan de la santé, de ce qui nous attend, y compris financièrement pour beaucoup de gens. La sensation de lutte est normale.

Le premier prédicteur du bonheur reste la qualité de nos relations. Dans les relations j’inclue les lien romantiques, familiaux, amicaux et professionnels. Nous devons faire un effort pour cultiver ces relations, même si c’est en ligne ou via des technologies. Interagir le plus possible avec des amis, parler, s’ouvrir aux autres et créer de l’intimité. C’est le premier antidote à nos difficultés.

 

Puisque vous en parlez : la covid a été un vrai défi pour beaucoup de couples. Comment le vôtre y a-t-il résisté ?

En effet, les couples et les familles, dont la mienne, ont traversé tous les extrêmes. J’avais par exemple l’habitude de beaucoup voyager et ma femme et moi racontions que c’était une bonne chose pour notre relation, car nous nous manquions. Je me faisais toujours une joie de rentrer chez moi, mais pendant 18 mois nous avons été tous à la maison 24h sur 24. Nous avons connu des vagues en passant d’une redécouverte de l’autre, ce qui nous rendait très heureux au fait de trop se voir. Nous avons navigué entre le golden mean d’Aristote. Nous avons dû nous accorder de la place en répartissant nos heures ensemble ou séparément, ou définir qui s’occuperait des enfants, choisir le temps passé ensemble. J’appelle cela le principe de la lasagne. C’est mon plat préféré, surtout celle de ma mère. Mais je ne voudrais pas en manger tous les jours. Il y a de bons quotas. Y compris avec celles et ceux que nous aimons. Ma famille est ce que j’ai de plus précieux, mais cela ne signifie pas que je veux être avec eux 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Il est nécessaire de faire preuve de mesure pour cultiver la qualité.

 

Dans votre nouveau livre, vous parlez de spiritualité comme l’un des 5 piliers de nos vies. Qu’entendez-vous par là ?

Les gens pensent que spiritualité est synonyme de religion. Cela peut l’être, mais il s’agit ici d’une combinaison de deux éléments : le sens et la présence. Ainsi une banquière d’investissement peut faire l’expérience du sens dans son travail là ou un moine bouddhiste peut ne pas en trouver. La pleine conscience consiste à être ici et maintenant lors d’une conversation, dans la nature, ou en remplissant un tableau Excel. Lorsque nous sommes vraiment présent nous traversons des expériences spirituelles.

Einstein aurait dit que l’on peut vivre de deux façons différentes. Soit rien n’est miraculeux, soit tout est miraculeux. Je crois profondément à ce choix. Voyons-nous l’esprit et le miracle dans le fait que des arbres poussent ou que les humains aient construit tant des choses étonnantes ? Lorsqu’on le perçoit, la vie devient spirituelle.

 

Pensez-vous que dans ces moments difficiles nous ayons besoin de plus de magie ?

Oui, la magie est une expérience. Et les expériences positives ne sont pas stériles. Elles n’affectent pas que l’instant, mais elles  transpirent au delà de leur déroulement. Si par exemple, pendant trente minutes je me sens relié à une personne ou à la nature, l’effet bénéfique en sera plus étendu. D’abord parce que je l’attends avec anticipation et ensuite car je m’en souviendrais après et que mon humeur en sera affectée. La journée n’a pas à être une succession de miracles, de joie ou de sens, mais nous avons besoin de savoir que chaque journée contiendra de tels moments ou situations. Cette portion de la journée impactera son ensemble.

 

Que fait Tal Ben Shahar pour s’amuser ?

S’amuser ? C’est totalement surfait (rire). Je suis un junky de sport. J’ai été athlète professionnel, et j’aime regarder du sport à la Télévision. Les jeux olympiques sont été mon paradis. La saison de la NBA peut me clouer à l’écran. J’adore faire du port avec mes enfants. Ne le répétez pas… Je suis connu par les copines de ma fille pour être une « Danse mom ». Je l’accompagne à toutes ses compétitions de danse et à ses répétitions.  J’apparais même sur Tik tok avec elle. Je sais que ses copines en rigolent beaucoup, mais elles rient de moi plutôt qu’avec moi. Mes deux garçons jouent au basket, c’est un stéréotype. J’adore être sur le court avec eux. Je les accompagne aussi.

 

Qu’est-ce que vos lecteurs vont trouver dans ce nouveau livre ?

 J’y parle du fait que tout ne se déroule pas pour le meilleur. Cependant, nous pouvons apprendre à transformer ce qui nous arrive pour le meilleur. Pour choisir sagement, nous pouvons nous inspirer de la science du bien-être et du bonheur pour mieux naviguer dans nos émotions. Se concentrer sur nos relations, accepter de ne pas aller bien, cultiver notre curiosité, faire de l’exercice et surveiller sa nutrition. Et comme antidote aux difficultés, trouver du sens et pourquoi pas se mettre à la méditation ? Pas plus de 3 ou 4 minutes par jour peuvent déjà nous aider. Ces changements peuvent donner le ton à notre journée. Appuyons-nous sur la science pour vivre une vie non pas heureuse à tout prix, mais plus heureuse.

 

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Devenez animateur.trice d’ateliers de psychologie positive
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