Journal de jeûne 2023

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Chaque année, pendant 7 jours j’arrête de m’alimenter. Je bois deux verres de bouillons de légumes et ai du miel à ma disposition si ma glycémie chute trop ou si j’ai besoin d’énergie. Je n’expie rien pourtant, au contraire, j’offre une fête à mon corps, mes cellules et mon esprit et mon âme. Un jeûne effectué dans de bonnes conditions ne ressemble à aucune autre expérience. Retirée de la vie courante, de la cuisine et de la digestion, s’installe une clarté, une énergie et une attention son corps que je chéris. C’est mon reset. J’y arrive en traînant des pieds et je repars en volant.

J+1

J’ai cessé de manger hier au réveil. Chaque année je redoute ce moment, et pourtant jamais cela ne m’a posé de réelle difficulté. D’auto régulation alimentaire je suis dépourvue, alors me voir retirer tout accès à une cuisine ou une épicerie aide. Mais à quelqu’un qui ne quitte pas sa maison sans amandes de secours dans son sac, pouvoir volontairement ne rien croquer de solide aussi brutalement reste stupéfiant.
C’est mon quatorzième voyage de ce type et en posant le pied dans ce lieu béni je me suis dit que j’en avais déjà tout vu et bu. Craignant l’ennui, pour vivre dix jours ici, il me fallait un plan. Pensais-je.

J’ai posé sur mon bureau une feuille de papier et un stylo. En m’engageant à y noter tout ce que je vivrai de neuf. En deux heures de temps, la liste était lancée. Mes chaussures de randonnées disparues, la salle à non manger redesignée, l’infirmière qui veille sur nous n’est plus une femme et lit du @michael.pollan sur la caféine et les psychédéliques. Première conversation sur ce sujet qui me passionne, en allemand (niveau seconde). Mieux vaux être à jeun pour essayer de se comprendre.

Dormi 10h la première nuit. Même ivre je ne dors pas tant.
On dirait que ça va aller.

 

J+2

A ce stade, le corps a interrompu son cycle d’ingestion, digestion, expulsion. Et le vrai cadeau de cette expérience est ce repos digestif. Son absence inconsciente libère des dus, des habitudes, des addictions, des toxines, des excès.
Seul le coeur maintient son rythme et dicte ce dont on a envie/besoin ou la capacité à faire, dans l’instant. N’imaginez pas que l’on glande.

On marche, on gym, on discute, on se repose, on lézarde, on boit, on boit tellement, on pèse, on mesure, on écrit, on médite, on lit, on série, on s’ouvre, on s’encourage, on, non, je brode. Il fait bien plus souvent silence qu’en temps normal.

Ne plus se consacrer à la charge mentale alimentaire, aux courses, aux préparations et aux repas crée bien plus de temps que l’heure d’été.
Il est amusant de voir à quoi on le consacre.

Ma nuit fut très très courte, je l’ai remplie d’une comédie romantique. Dont la simplicité m’a, du reste, consternée.

 

J+3

J’ai découvert la Saint Valentin à 6 ans en Californie. J’apprends la veille qu’il faut écrire une carte à chaque élève de la classe. Panique, mais succès. J’ai donc considéré qu’il s’agit d’une fête de l’amitié alors que je voulais surtout donner une carte à Glenn Lundy, mon crush bouclé. Mais depuis j’aime bien cette double fonction. Célébrer un amoureux ou une amoureuse, mais pas seulement. Dans mes moments de célibat, j’ai Valentiné avec des copines ou des bandes. C’est chouette d’aimer des gens. Tout simplement.
@instaxb, would you be my valentine ?

 

J+4

A jeun, le corps se met en cétose : il cherche le sucre indispensable au cerveau dans les graisses du corps. Exactement comme le font les papas manchots sur la banquise lorsqu’ils couvent pendant 64 jours d’hiver, l’oeuf précédemment pondu par la femelle. Le mâle ne mangera rien dans le blizzard et à la naissance du bébé dodelinera jusqu’à la mer pour y trouver son premier poisson.

Nos randonnées ressemblent d’ailleurs à leurs regroupements.

Sans savoir que je serai solidaire de la démarche, dans le cadre de la réorganisation du gras de mon corps, j’ai demandé que l’on procède à une manoeuvre pour faire la misère à mes capitons. Après un passage à l’huile, puis au sel, puis au miel et à la serviette bouillante, me voici attaquée par des glaçons. Sensation excessivement figeante. La comparaison avec l’animal si intrigant s’est arrêtée nette. Je ne suis pas manchote, mais je suis chochotte.

 

J+5

C’est une concept insidieux, celui de vouloir trouver du sens à tout. Une tendance aggravée par les réseaux sociaux : si nous montrons quelque chose, justifions-le.
Récemment je suis tombée sur trois paragraphes et une photo d’analyse du choix d’une valise par sa nouvelle propriétaire. J’ai hésité entre rire et désespoir.
Mais cette semaine, j’en ai moi même été victime et me suis trouvée chercher du sens aux étapes de mes journées.
– Dormir le jour parce que
– Aller randonner pour
– Ne pas aller randonner en raison de
– etc.
Mais assez, à la fin !

Je fais ce que je fais quand je le fais because je le fais, point.
Mon corps, en s’allégeant, me libère de culpabilités débiles et de comptes à rendre… à personne.
J’adore cette sensation.

Aujourd’hui c’est carnaval à Uberlingen. La ville ferme et tous les habitants de déguisent en agitant de grand fouets, y compris les petits enfants.
Qui a dit qu’il fallait que tout ait du sens ?

J+6

Non, je déconne, ce chou est un fantasme. Et encore, je déconne. Un bâton de concombre me fait déjà rêver et j’en aurai bientôt. Mais hier j’ai transgressé la règle, le bon sens et la loi de l’état, de mon état. Je suis allée boire un café en ville.
Action Punk.
Résultat pas fou-fou.
Evidemment, le contact du liquide lacté contre les lèvres a été moelleux, précieux et presque amoureux. Puis la caféine en présence de mon intestin vierge n’en est pas revenue de sa chance. Elle a appuyé sur le champignon et en a pris tous les virages sans prendre de prisonniers. Le grand prix de Monaco s’est vu détrôné. Cervelle agitée, palpitant palpité et âme agitée.
Bref, ça ne valait pas le coup

Ce matin donc, 37e tisane au foin…

Un jeune se fait encadré par des professionnels. Il peut avoir des effets secondaires médicaux qu’il est préférable de surveiller en connaissance de cause. J’effectue le mien chez Buchinger Wilhemi. C’est un acte de prévention.

Devenez animateur.trice d’ateliers de psychologie positive
Devenez animateur.trice d’ateliers de psychologie positive

Un commentaire sur “Journal de jeûne 2023”

  • Anna dit :

    Mais ouiiiiii le purpose anxiety – je me reconnais tellement la dedans!! Des RH qui, en discutant de mon prochain poste, hoche la tete en me regardant fixement et me dis ‘hmm tu es en quête de Sens, toi’ … euh ah bon!? Mais RIEN que j’ai dis ne va dans ce sens pourtant…
    Aux nombreux stages , mooc, articles, coachings et programmes en tous genres qui me Poussent a trouver mon PURPOSE.
    Mais bon sang, je n’ai jamais eu de passion dans ma vie, je n’ai pas de vocation, laissez moi voguer tranquillement dans le Ventre mou de ´je fais mon travail bien et kiffe ma vie’ !!!

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