Le carton

Colissimo a déposé chez moi un carton tout beige sous une étiquette avec mon adresse.

Normal.

Il est resté posé dans l’entrée pendant 48h, je l’ai contourné, regardé, fait semblant de ne pas lui prêter attention.

Normal.

Parce qu’en ouvrant ce carton là, c’est un nouveau tout qui commence pour les Kifs.

Il y a dans cette boîte un an de travail. Jour pour jour. Alors l’ouvrir signifie laisser s’échapper le génie qui m’a accompagné jusqu’à la. C’est le remercier d’être venu et le rendre à sa propre vie. Le laisser partir inspirer d’autres que moi et reconnaître que très bientôt, nous ne serons plus, les quelques uns, tous reliés par amour, amitié ou objectif commun les seuls à avoir tourné les pages de mon projet.

Je me suis plusieurs fois dit que ça y est, j’avais fini. Quand j’ai remis le manuscrit, quand j’ai remis le manuscrit corrigé, quand on m’a remis le manuscrit maquetté, quand on a trouvé les bonnes couleurs de la couverture, aussi. Bref, je n’en finissais plus de terminer. Mais dans ce carton, les livres bien rangés sont unanimes. Ma vieille, ça y est, c’est fait.

Ce soir j’ai ouvert mon carton. Suis tombée sur une colonie de Kifs rangés, brillants, costauds et attendrissants.Une armée de clônes, ou plutôt de Klônes, en ordre de bataille pour partir en campagne, savourer et prendre plaisir.