L'amour 2.0, une chronique de Florence Servan-Schreiber

L’amour 2.0

Chronique Kaizen
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Est-ce que l’amour est durable ? Comme ces énergies qui pourraient faire tourner le monde pendant longtemps. Sans déchets et pollution excessive pour garantir la continuité. Explorons.

Il y a deux façons de voir les choses

La première est la plus habituelle. Appelons-la la vision Hollywoodienne. C’est celle de l’amour romantique. Qui nous met en quête de l’âme sœur, et de complétude. Trouver en quelqu’un d’autre ce qui nous rassurera, nous élèvera ou caressera nos blessures au point de préférer être la personne que nous sommes en sa compagnie. Celle qui nous laisse imaginer un engagement inconditionnel que rien ne pourra venir changer. Considérée comme une sorte de graal, elle nous confère un statut. On y est parvenu, ou on le cherche encore. Mais en tous les cas, tel est l’objectif.

Et il a l’autre. Celle que les chercheurs s’appliquent désormais à étudier. L’amour scientifique. Leur envie de s’y pencher vient du fait que l’amour romantique ne nous satisfait pas vraiment, pas seulement, ou pas tant que ça.

Et si on regardait les choses autrement ?

L’amour, renouvelable à l’infini

Si on cessait de considérer que l’amour est un état d’âme stable pour le considérer comme des moments de résonance renouvelables à l’infini ? Attention, nous touchons alors au piédestal de l’émotion ultime, mais cette vision mérite d’être considérée.

Barbara Frederickson décortique les émotions positives. Elle cherche une nouvelle approche qui puisse mieux nous satisfaire. Elle l’appelle l’amour 2.0. Il s’agit de ces instants de connexion que nous vivons ensemble. Précisons ici qu’il ne s’agit pas de désir sexuel qui certes, peut être pétri d’amour, mais ne s’impose pas comme une condition. Il s’y passe alors trois phénomènes : physiologiquement, nous nous synchronisons. Respirons en rythme, adoptons les mêmes débits de voix et cela peut aller jusqu’à la même position. On se penche ou on se redresse ensemble.

Ensuite, on partage une émotion.

Car chaque émotion positive telle que la gratitude, la joie, la sérénité, l’intérêt, l’espoir, la fierté, l’inspiration ou l’émerveillement, vécus aux côtés de ou avec d’autres est à considérer comme un instant d’amour. Et enfin, on se souhaite du bien mutuellement.

Il s’agit donc de situations interpersonnelles quotidiennes marquées par une augmentation momentanée d’émotion. On se sent bien, relié et vivant. Pour Frederikson, il est impossible de vivre à ce niveau de connexion en permanence. Même lorsque l’on « s’aime ». On s’engage dans toute sorte d’autre activité pendant lesquelles on ne pense pas à l’objet de notre tendresse. Notre lien existe et résiste, mais nous sommes occupés ailleurs. L’amour est donc, pour la science, une succession de micros moments qui ne sont ni exclusifs, ni conditionnels, ni même continus.

L’amour est une co-expérience qui constitue les nutriments d’une connexion. Alors, rien ne l’empêchera d’être durable, dès lors que nous acceptons l’idée qu’elle est surtout renouvelable. Alors oui, l’amour est durable, dès lors que l’on considère qu’il est renouvelable.

 

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