Chronique-Cles-Kourrage-Antoine Illustration Aurore Petit pour CLES

Kourrage Antoine

Chronique CLES 92
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C’est l’histoire d’Antoine dont les vacances, à 17 ans, se sont terminées brutalement dans un virage de vie à 90 degrés. Il toussait, avait de la fièvre, ça ne passait pas. Gastro, semblait-il, mais en fait, pas vraiment. Méningite ! Coma, pronostic vi- tal engagé, séquelles, combat. Pendant les premières semaines, une cascade d’enchaînements alarmants. Objectif principal : le faire respirer. Des machines, des tubes, des kinés. Quand Antoine se réveillait, à chaque fois, il comprenait un peu mieux que sa vie allait changer. Entre autres, il n’entendait plus.

Seulement voilà, Antoine est un marrant, et un vaillant. Quand on lui a tendu une ardoise, il a commencé par faire des blagues. Puis les médecins le rendormaient et le cycle infernal reprenait. Mais dans sa famille, on aime bien rire. Et nous qui les entourions de loin, nous avons vu, assez vite, le naturel de cette troupe revenir au galop. Les premières paniques stabilisées, une copine qui connaît une vedette lui a demandé un petit message pour Antoine. Elle s’est prise en photo avec un écriteau « Kourrage Antoine ». A l’heure de la viralité, ses parents ont ouvert un groupe fermé sur les réseaux sociaux, rassemblant ceux qui priaient pour lui. Et les vedettes ont une particularité : elles en connaissent d’autres.

Les photos se sont démultipliées. Toujours dans cet univers raccordé mais privé. Sans jamais le faire pour être vu, si ce n’est par Antoine. A côté du message de Bebel (eh oui, Jean-Paul Belmondo lui-même) se trouvait celui de son cheval Kinder, badigeonné du même message. Personne n’avait besoin d’être sollicité pour s’engager : nous trouvions ainsi, enfin, une manière d’agir.

Les uns et les autres ont été créatifs : un message dans le sable de la plage de ses vacances, sur le bras de Superman, le bureau d’Obama ou le front de son amie Louise. Chaque photo a été collée sur le mur de sa chambre, comme une dose de force dans laquelle il pouvait puiser.
Merci qui ? Aux amis, bien sûr, mais aussi à la technologie qui permet à quiconque, contraint à l’isolement, privé de ses capacités habituelles, amoindri de façon brutale et douloureuse, de se savoir entouré. Rien ne compte davantage, lorsque la vie nous maltraite, que de se savoir relié. De pouvoir échanger. Quel bien vous ferait le téléphone si vous ne l’entendiez pas ? Aucun. Car au-delà des caresses indispensables des siens, Antoine a une vie, sa vie. Et grâce à ces réseaux et à l’usage de ses mains, c’est à toute heure, du jour et de la nuit, qu’il peut continuer à la mener, partager ses bonheurs et ses exaspérations. Continuer à nous faire rire, commander un lait fraise, ou participer aux conversations de sa bande.
Vive Antoine, et vive l’avenir !

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