Reconnaître sa vie

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Ou tellement il est étrange de ne pas la reconnaître. Alors que c’est bien la sienne.

Je parle souvent de gratitude et de la force que cela nous donne pour trouver dans les recoins du quotidien des mines de bienfaits et de charme. Je sais donc, qu’avec un peu d’application, il est possible de modifier son regard sur l’habituel. Je pousse d’ailleurs à cela. Je me pousse aussi moi-même à entrevoir les mérites du banal et du formidable.

Je devrais donc aimer le changement.

Le nouveau. Et dans le fond, c’est ce que je préfère. Jusqu’à ce que. Jusqu’à ce que le neuf soit tellement partout que je ne reconnaisse plus ma propre vie. Mais cette fois-ci, la gratitude n’est pas responsable de ces nouvelles fréquences.

Ce sont les circuits d’énergie qui ont changé de couleur chez moi. L’éloignement géographique de certains de mes enfants, l’accélération brutale de mes engagements professionnels, le plan d’occupation de mon temps, les lieux nouveaux où cela m’envoie, un bureau régulier, des responsabilités inédites, une autre manière de compter sur moi-même, des clients en pagaille, des négociations et des créations quotidiennes, une routine sportive perturbée, des kilomètres parcourus, de nouvelles formes de relations, de succès aussi.

Mon plus jeune enfant, avec lequel je vis pourtant, parvient à me manquer. Mes soirées ont changées, mes week-ends, eux aussi, n’en ont plus que le nom.

Je suis heureuse mais…

Mais nostalgique d’une vie que j’aimais aussi. Elle contenait plus de doutes et d’inquiétudes. J’y redoutais l’arrivée de ces changements annoncés. Maintenant qu’ils sont là, je ne veux rien faire d’autre que de les digérer. Les apprivoiser, pour que ces circuits-là à leur tour me deviennent familier.

On ne revient pas en arrière. Mais parfois quand même, j’aimerai prendre Arthur ou Pénélope dans mes bras pour les renifler, j’aimerai m’ennuyer et tirer des plans sur la comète sans qu’ils soient là déjà.

J’aimerais que la peinture fraîche de cette rentrée révèle ses premières traces d’usure. Car c’est là probablement que cette vie aura remplacée la précédente et que sa familiarité me bercera.

En faite, j’ai hâte de me sentir de nouveau chez moi.

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15 commentaires sur “Reconnaître sa vie”

  • max dit :

    Bonjour Florence,
    merci pour ce texte, qui me touche.
    Satané changement…on l’adore, autant qu’on le craint.

  • karine dit :

    Merci de ces vérités instantanées qui m’ébranlent. C’est la période de toutes les confusions de la vie, l’ivresse du travail et la surcharge tout aussi passionnante qu’envahissante. Ainsi se fait sentir le besoin de se retrouver auprès des siens. La peur liée à ce bonheur professionnel, un aboutissement en phase avec la mutation de notre monde et tout se mêle.
    Vous avez déjà dans votre conscience la connaissance que certains moments manqués ne reviendront plus. Il valent tellement dans notre vie. C’est donc déjà une énorme qualité de le ressentir.
    Apprendre à accepter les changements intervenus et à solutionner notre idéal.

    Je vous admire Florence!
    Vous êtes une maman extraordinaire. Pénélope vous l’a dit.

  • Monique dit :

    « N’essaie pas de devenir un homme de succès , essaie plutôt d’être un homme de valeurs » a dit Einstein. Vous êtes, Florence, une Femme de Grandes Valeurs. Ce sont elles qui vous ont apporté le Succès que vous connaissez aujourd’hui. Pas l’inverse 🙂

    Quand le plaisir n’y est plus et/ou que les contraintes sont trop fortes, STOP ; vous nous l’avez appris. Alors prenez le temps qu’il faut pour vous resourcer / recentrer et ainsi vous retrouver. Vous nous manquerez sans nul doute mais vos Valeurs seront ancrées en nous. Aussi si vous décidez de revenir, quand vous l’aurez décidé, vous le ferez avec encore plus de plaisir.
    Bien à vous

    • Florence Servan-Schreiber dit :

      J’en suis encore à savourer toute cette nouveauté, aussi. Mais oui, il faudra aussi savoir se poser.

  • Claire dit :

    Merci Florence.
    Actuellement, la vie pour moi est assez « standard »: nos trois ados sont ados à fond, et ils sont beaux à voir. Je me réjouis que quelques années passent, et en te lisant ces derniers mois, je sens ta fierté pour tes enfants. J’espère montrer aux miens mon amour aussi « bellement » que tu le fais.
    Quel génial site que celui-ci, continue. Et bravo à toi et aux tiens!

  • Joanna dit :

    Je suis encore dans la phase plan sur la comète, doutes… Merci d’exprimer ta nostalgie pour que je reconnaisse encore plus la valeur de mes incertitudes. Merci pour tout ce que tu partages avec autant de pétillance et d’authenticité.

  • Karine Duflos dit :

    Il y a un certain temps, pour ne pas dire années, j’étais prise dans une spirale d’activités, j’avais l’impression d’être dans un tourbillon tellement le rythme était intense à moins que ça ne soit moi qui m’imposait cette allure et je n’avais pas encore d’enfants. Prendre le rythme puis le temps car je dois avouer qu’un des inconvénients de cette période était de ne pas se poser, faire les choses parce qu’elles doivent être faites, ne pas les ressentir, enchaîner un truc puis un autre, se dire OUF ça s’est fait,le reste pour demain et les semaines se mettent les unes derrière les autres. Puis avec l’arrivée de mon premier garçon, j’ai négocié mon départ dans l’entreprise dans laquelle je travaillais pour vivre intensément mon nouveau rôle de maman.Quel bonheur… puis un second petit garçon est arrivé et là j’ai commencé à ressentir une légère envie de reprendre une activité pas à plein temps mais une activité quand même. Recherches semées d’embûches, puis j’ai trouvé un job qui ne me convenait pas ni sur le contenu, ni sur l’organisation familiale alors j’ai décidé une nouvelle fois de stopper cette collaboration. Aujourd’hui, je ne reconnais pas ma vie, je m’ennuie après avoir déposé mes enfants à l’école et remis un peu d’ordre dans leur environnement quotidien et avoir fait 3 courses, mon enthousiasme n’est plus là, la familiarité de mon quotidien m’exaspère…ce qui m’a tant manqué il y a quelques mois, ce cocon familial que j’ai réussi à créer, me réjouit beaucoup moins car ce subtil équilibre je n’arrive pas à le construire, à le créer entre vie d’épouse, de maman et de travailleuse. Je n’ai plus de métier et je perds également en présence auprès des miens….il peut paraître facile de dire « il n’y a plus qu’à … » je m’y atèle mais sans succès et aujourd’hui je tourne,je tourne en rond !
    Je n’ai jamais écrit ce que je viens d’écrire, quel effet… merci pour votre enthousiasme, cette simplicité dans l’écriture, c’est tellement juste.
    Karine

    • Florence Servan-Schreiber dit :

      J’aime la puissance des aveux ! Quelle authenticité.

    • Murielle dit :

      Ton témoignage m’a particulièrement touchée car il me renvoie à des situations que j’ai vécues et que je vis encore régulièrement. L’équilibre entre se poser et se bouger. Quand on bouge trop, se poser manque. Alors on réagit en pensant que la priorité est la sérénité d’une vie plus calme. Après on va trop loin dans l’autre sens et c’est constamment un va et vient entre les deux. Comment arriver à se bâtir un équilibre personnel entre notre besoin de nous réaliser à l’extérieur et celui d’être présent dans son milieu familiale. Je vis seule avec mes deux enfants de 17 et 19 ans qui demandent encore beaucoup d’énergie et de temps à tel point que très souvent je glisse dans la tentation de « m’oublier » nourrie par mon amour filiale. Alors j’ai décidé de prendre les choses en mains, d’agir en cherchant une mutation professionnelle mais ça m’angoisse alors que j’en ai besoin. Bref, il faut avancer même si on a l’impression d’avancer dans le brouillard en terrain mouvant… Tu n’es pas seule. Courage, tu y arriveras.
      Murielle.

  • Fabienne dit :

    Une nouvelle période, une de plus dans nos vies de femmes, maman, épouse,
    toutes ces strates qui s’additionnent, s’estompent un peu devant les énergies toutes neuves.
    C’est seulement maintenant à + de 40 ans, que je les vois, les pressens, dont je perçois les mouvements,les transformations, que pourtant je prône et brandis comme un étendard…
    Florence et Pénélope, votre échange me touche!
    Belles et heureuses journée, semaines, années, à venir !

    • Florence Servan-Schreiber dit :

      C’est vrai que les transformations son plus flagrantes en « grandissant ». Merci Fabienne.

  • Penelope dit :

    Deux mois et un jour ma Maman, je suis tellement fiere de toi, you are doing a great job.
    Je pense a toi, je t’aime ma Maman.
    Merci Ma Maman

    • Florence Servan-Schreiber dit :

      Plus que 2 mois jusqu’au prochain câlin !!!!

  • Penelope dit :

    Deux mois et un jour ma Maman, je suis tellement fiere de toi, you are doing a great job.
    Je pense a toi, je t’aime ma Maman.
    Merci Ma Maman

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