Mothers Anonymous

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Installation de Pénélope à NY. Pénélope est ma fille. Je suis en mission pour accompagner sa livraison au reste de sa vie.  Sur le papier et dans la réalité, tout ici est réuni pour un séjour en fanfare. Cours passionnants, dortoirs palpitants : 500 Pénélopes, filles et garçons sous le même toit. Même âge, tous ici pour la première fois, séparés de leurs parents et familles depuis maintenant 24h.

L’administration connaît bien son truc. Les géniteurs sont réunis pour être éduqués à leur tour, sur ce passage. Recomandations d’usage :

  • Ne les appelez pas, ils vous appelleront
  • Quittez leur profil Facebook
  • Ne les faites pas rentrer à la maison avant fin Novembre
  • Ne proposez pas de faire leur lessive en échange d’une visite, c’est de la corruption
  • Ne faites pas vos adieux dans leur nouvelle chambre, c’est leur sanctuaire
  • Ne dites pas que vous êtres tristes mais fiers d’eux
  • Ne leur dite pas au revoir, mais à tout à l’heure.
  • S’ils ont un problème toujours leur laisser 24h d’avance pour le régler avant d’être tentés d’intervenir
  • Et maintenant qu’ils sont installés, RENTREZ CHEZ VOUS !

Les ascenseurs affichent des instructions anti cafard  pour les étudiants :

  1. Sortir de sa chambre
  2. Aller frapper aux portes des voisins
  3. Sortir dans la rue
  4. Ne pas appeler à la maison
  5. Se ballader dans NY

J’ai un faible pour le pragmatisme américain. Je l’avoue. Je lui suis reconnaissante d’honorer la peine qui m’habite. J’ai partagé quelques photos de cette épopée sur Facebook. Les paquets, les lits superposés, les étudiants excités. J’ai fait le lit de ma fille pour la dernière fois cette année : housse anti-acariens et couette immaculée. J’ai glissé de la lessive dans son panier à linge, des éponges dans la cuisine et du papier dans les toilettes. La régente qui m’habite est furax d’être mise au chômage. Car ce travail contre lequel elle pestait, maintenant qu’on lui retire, en fait elle l’aimait bien.

J’ai reçu des messages de Mamans Anonymes. De femmes comme moi qui tournent autour de cette nouvelle réalité. Embarquées sur les montagnes russes irrationnelles de la séparation. Formons un groupe pour partager toutes ces émotions qui nous traversent. Elle sont passagères, je l’espère et j’en suis sure.

Je la quitterai ce soir. Mon fils aîné a lui 22 ans aujourd’hui, et pour la première fois je ne l’embrasserai pas.  Voyage en Inde pour une durée indéterminée. Ma réserve de tendresse trouve que tout cela craint.

Je rentre demain, en actionnant tous les leviers de gratitude qui sont les miens :

  •  Retrouver notre plus jeune pas encore pressé de s’envoler
  •  Me réjouir de l’énergie que nos enfants déploient pour vivre vraiment
  • Me dire que comme eux, je suis à l’aube de moultes nouveautés
  • Chérir la présence ici de quelques tantes attentionnées.

Pffff.

Excusez-moi, je dois y aller. Sortir de ma chambre, dans la rue,  pour me balader à NY. Faire un peu d’ascenseur ? Le temps est aux averses, je vais en profiter.

Allez, allez, ça va aller.

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Devenez animateur.trice d’ateliers de psychologie positive
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14 commentaires sur “Mothers Anonymous”

  • Victoire Mondoloni dit :

    Nos enfants nous font grandir:j’ai été émue par votre article car il ya beaucoup d’amour et de ces sentiments contradictoires qui nous agitent quand nos enfants
    séloignent.Je viens de vivre la même chose; elle est loin mais j’ai confiance comme vous dans l’enthousiasme de nos enfants.

  • frederique sanne dit :

    Merci de me compter parmi tes lectrices, j’en serai heureuse.
    Amitiés,
    Frédérique

  • frederique sanne dit :

    Pour moi qui ait subi le deuil d’avoir un enfant, je te prie de rester toujours heureuse de les avoir malgré les justes inquiétudes, reste fière et remplie d’amour.
    Bien à toi,
    Frédérique

  • Murielle dit :

    Je viens de m’abonner et te lis pour la première fois. Je suis réconfortée de savoir que d’autres mères partagent ces passages de vie où nos enfants prennent leur essort. Dans le mot essort il y a le mouvement d’aller vers l’avant. Donc toujours positif. Ton article sera mon premier kif du jour. J’y penserai quand mon fils de 19 ans me manquera trop, ou que je me ferai du souci pour lui… Bonne journée.

  • Anne dit :

    I am not fully sure of the translation but this universal experience transcends words. The certain pinch of heart as it leaps outside your body and walks off into another life that you only marginally share. Take great comfort in knowing that you have done well loving Penelope and now it is her turn to be loved for who you have helped her to become. There is a saying that the two greatest gifts we give our children are roots and wings….you have given her both. Trust her wings to fly back to the tree that rooted her so well for so long and know that you will always be home for her no matter where she lives. Much Much love to you in these first lost days! XO

    • Florence Servan-Schreiber dit :

      On Anne, we could not have done any of this without you. I am very serious about that. Thank you for your support, your lights, your kindness and even now your poetry. Penelope was so touched you came up to visit. I am sorry I missed you. I now totally hate « Bad Bath and Beyond » where I was once again when you came by. All of this is so exciting. We survived our goodbyes and were actually pretty good about it. I hope she can dog sit for Ali. So much gratitude !

  • martin sandrine dit :

    Que d’émotions lorsque je te lis. J’accouche de ma petite fille mercredi matin, pleine d’hormones et de d’euphorisants, pourtant hier soir j’ai déjà versé quelques larmes à l’idée de ne pas assurer et qu’ils leur arrivent quelque chose…alors je me met à ta place…Je tacherais d’en profiter un maximum pour les 18 PROCHAINES années et je suis sûre que je pesterais comme toi à certains moments mais que c’est bon de les avoir. Vous avez fait du beau boulot avec Alex. Congrats

    • Florence Servan-Schreiber dit :

      Merci Sandrine. Mais j’ai fait le plus dur. Là, on arrache le sparadrap, mais j’ai confiance dans qui ils sont ces jeunes gens que nous aimons tant. Chez toi aussi ça va se passer crème. Il y a surtout de l’amour dans tout cela. Mercredi, c’est demain. Je penserai fort à toutes les deux.

  • Meryanne Loum-Martin dit :

    Florence, nous avons échangé tout à l’heure là dessus.. Nos filles sont formidables. Réjouissons nous de notre nostalgie de ne plus les avoir à la maison, sentiment où se mêlent aussi bonheur et fierté… !!! Formidable votre texte. Kiffons le bonheur d’être leur maman !

    • Florence Servan-Schreiber dit :

      Et ce fil de soi qui nous relie à elles.

  • Karine DUFLOS dit :

    Et le plan anti cafard pour les parents ? A côté de celui pour les étudiants….je suis presque sure que certains esquiveraient un sourire…
    En tout cas, bonne installation à votre fille Pénélope, une année qui promet d’être animée dans cette ville, NY….qu’elle en profite bien;vous aussi à l’occasion de vos visites sur le territoire américain.
    Bien à vous & bonne rentrée

    • Florence Servan-Schreiber dit :

      Il s’agit des 4 prochaines années. Passées les premières 3 semaine, nous serons tous aguerris. Probablement. Merci pour vos encouragements.

  • Daddy SS dit :

    Une fois de plus te lire me réjouis.
    Tu es reporter du cœur et romancière du vrai.
    Tu es ma fille, la seule qui reste à portée, comme aussi un dernier petit-enfant.
    On va s’aimer en locavores.
    JL

    • Florence Servan-Schreiber dit :

      Ben oui !

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