Que reste-t-il aujourd’hui en nous de celle ou celui que nous étions à 11 ans ?

Pour explorer la question j’ai retrouvé quelques camarades de 6è. Précisément, un garçon qui jouait avec moi dans les pièces de théâtre de la classe de Français. Je l’ai invité à dîner au mois de janvier de cette année, entourée de trois autres perdues de vues enfouies dans mon carnet d’adresses. J’étais curieuse de voir ce qui de nos personnalités serait encore perceptible. Nous avons ce soir là, passé la meilleure soirée depuis longtemps, en échangeant non plus des aventures, mais nos destins.

Voir plus grand

Leur présence était familière et inconnue à la fois. Pendant ces quelques heures, nous sommes redevenus des enfants d’avant nos décisions, choix, contrariétés, drames, succès, bonheurs et surtout responsabilités. A 3h du matin nous nous sommes sépare·e·s en éprouvant le besoin de renouveler et étendre l’expérience.

L’étape suivante s’est imposée. Pour élargir le cercle au maximum, il nous fallait organiser une Boum, le ralliement universel pour notre génération.

Neuf mois plus tard, à coups de spéléologie mémorielle, de décryptages de photos de classe et de mise en commun de souvenirs vagues, nous avons réuni, samedi dernier cinquante huit ex-enfants devenus grands. Tous écoliers d’un même Lycée international qui nous a éduqué et rassemblé au hasard du parcours de nos parents venus s’installer dans cette région.

La reconstitution de ligue a été incroyablement excitante. Chaque nom ressuscité provoquait une montée d’énergie ancienne plus ou moins claire ou personnelle. Des photos actuelles ont fleuri dans le groupe d’échange. Les cheveux blancs, quand il en reste encore, ont remplacé les fossettes et les franges. Lancé comme une proposition à la légère, la perspective de se revoir a gagné en puissance. Certains nous on fait clairement savoir que la proposition ne les intéressait pas. Trop de mauvais souvenirs, passez votre route.

Irrésistible

Mais le jour J, ils ont aussi franchi la porte de nos retrouvailles. Incapable de résister à l’appel de l’innocence qui nous a toutes et tous gagné. Jouer à se reconnaître, à retrouver le trait particulier d’un visage ou d’un regard.

La joie était générale, bizarre, joueuse. Rattraper plein de temps, rouvrir des portes, se résumer pour ne pas lasser, apitoyer ou frimer. Avant de venir, chacun s’est préparé comme nous le faisions en 6è, tenue, musique, anticipation, invitations, gobelets et boissons. Mais que ça a été bon.

Impossible de prévoir ce que cette cohorte, partielle ou complète tentera de maintenir de cette expérience. Mais je suis heureuse d’une idée aboutie car elle est de celle qui a généré des monceaux d’amour et de tendresse. Comme un pansement venu refermer la rudesse des inconfortables années au collège.

Perchés sur nos sabots suédois, nous avons dansé, bu, rigolé, célébré le temps vécu et je crois, pour tous, savouré la joie d’être dans nos vies actuelles.

Publié le 22 septembre 2023

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