Nos hommes et la gratitude

Chronique PSYCHOLOGIE POSITIVE 22
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Les hommes ne seraient spontanément pas fans de la gratitude. Ils peinent d’ailleurs, parfois à en ressentir et à l’exprimer. Phil Watkins[1] l’explique : un homme éprouve culturellement plus de difficulté à recevoir un cadeau, une faveur ou de l’aide de quelqu’un, car l’accepter entraîne une réaction émotionnelle qui peut le mettre mal à l’aise. De plus, les hommes auraient deux fois plus tendance que les femmes à confondre reconnaissance et endettement. Si quelqu’un leur a fait plaisir ou facilité les choses, ils ont la sensation d’être redevables ou de devoir rendre la pareille.

 

Vient s’ajouter à tout cela notre rapport à la vulnérabilité. Traverser la vie sans bénéficier des apports, de la force, ainsi que des ressources sociales et intellectuelles de notre entourage est impossible[2]. Nous devons admettre que nous sommes incomplets sans les autres et une éducation qui induit qu’il faut être en confiance pour montrer sa vulnérabilité nous coupe de la vulnérabilité sur laquelle se construit une relation de confiance.

 

Les hommes ont par ailleurs tendance à considérer qu’un remerciement ou une lettre de gratitude sera interprétée comme cul-cul, alors que toutes les études prouvent qu’elle sera, au contraire, perçue comme un signe de maturité.

 

Ces études sont statistiques et nous connaissons tous des hommes obligés, tout comme des femmes qui ne le sont pas. Mais cette disparité a-t-elle des effets sur le bien-être de nos mâles ? Certainement, car la gratitude est l’un des liens sociaux les plus facile à activer pour se lier aux autres. Particulièrement dans le monde professionnel, qui privilégie les rapports simples, honnêtes et authentiques. En renonçant à exprimer sa reconnaissance, on se prive de tisser de précieuses alliances.

 

Mais, ils peuvent progresser. Car lorsqu’on propose à des hommes et des femmes de tenir un journal de gratitude pendant un mois, seuls les garçons terminent l’expérience bien plus gratifiés qu’ils ne l’étaient au départ, se sentant avant tout plus soutenus et intégrés dans leur environnement social, scolaire ou professionnel.

 

Il existe un entraînements plus simple, tel que laisser les autres faire des choses pour nous, sans y voir systématiquement une transaction.  Et si un homme vous remercie, rendez-lui le service de ne pas faire de même en retour. Du moins, pas sur le champ.

 


[1] Professeur de Psychology à Eastern Washington University

[2] Todd Kashdan, professeur de psychologie et directeur du Laboratory for the Study of Social Anxiety, Character Strengths, and Related Phenomena 

 

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