L’écriture dans Management Cadres de santé

Presse
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Pour des professionnels de santé qui vivent des situations éprouvantes ou de fortes pressions, l’écriture permet de vider, de soulager, de faire la place pour autre chose.

Voici mon interview par Claire Pourprix dans Management Cadres de santé :

 

QU’EST-CE QUI VOUS A AMENÉE À VOUS INTÉRESSER À L’ÉCRITURE RÉCRÉATIVE?

Après avoir publié quelques livres dans le domaine de la psychologie notamment, j’ai réalisé que je n’avais toujours pas commis de roman. Cela m’a interrogée : je ne pense pas être plus bête qu’une autre, alors pourquoi ne pas me lancer ? Mais cela s’est révélé impossible: je calais devant l’ampleur de la tâche, c’était très frustrant. Habituée à consacrer une journée par semaine à l’écriture, j’ai alors décidé de mettre à profit ce temps pour étudier de plus près ce qui se dit sur cette pratique de l’écriture, pour comprendre comment débloquer cette situation.

C’est ainsi que j’ai découvert une manne de recherches autour de l’impact de l’écriture sur notre état psychique, physiologique et notre santé mentale. L’écriture peut en effet être utile (se faire du bien en tenant un journal intime par exemple), thérapeutique (60% des patients de l’hôpital Saint Anne participent ainsi à des ateliers d’écriture thérapeutique, elle fait partie de l’arsenal des soins psychiatriques car elle permet de contourner des blocages psychiques, de se relier aux autres dans des ateliers communs et d’éviter que son esprit tourne en boucle), et enfin récréative. C’est cette dernière écriture, sans intention de soin, qui m’apporte le plus de plaisir et que je développe dans mes ouvrages et ateliers d’écriture : son objectif n’est pas d’être publié, mais uniquement récréatif. Elle consiste à répondre à une consigne pour le plaisir d’arriver au bout, comme un jeu, sans enjeu. Il existe des ateliers pour tout publier son premier roman, apprendre à écrire des dialogues, etc. la promesse de ceux que je crée est d’éprouver toutes les techniques d’écriture que j’ai découvertes (thérapeutique, créative, personnelle) afin que chacun en retienne celle qui lui convient le mieux, L’écriture est à la portée de tous: contrairement au dessin ou à la poterie, qui requièrent une certaine expertise, nous avons tous appris à écrire à l’école et pouvons donc écrire.

C’est une ressource illimitée !

 

EN QUOI EST-IL IMPORTANT D’ÉCRIRE? QU’EST-CE QUE CELA APPORTE À LA PERSONNE QUI ÉCRIT?

L’écriture est une forme de langage, et comme toute forme de langage elle vient puiser dans notre cervelle pour exprimer autrement ce que nous nous répétons inlassablement: le geste d’écrire ce qui nous passe par la main provoque une synthétisation, c’est-à-dire une interprétation de nos pensées pour les transformer en langage. Cela oblige à faire un pas de côté, c’est une forme de prise de recul. Cette création donne la sensation de produire quelque chose qui nous est étranger, alors que c’est le pur fruit de ce que nous nous racontons. Généralement, les gens qui écrivent ont une intention ou un désir précis. Pour se détacher de cela et s’ouvrir à tous les champs possibles, je propose dans mon dernier ouvrage, Bloum, 60 exercices d’écriture permettant de ne pas avoir décidé à l’avance ce qu’on veut en retirer. Par exemple, un exercice d’écriture expressive, une technique mise au point par James Pennebaker, consiste à raconter en détail le pire événement de votre vie, en 20 minutes.

Cet exercice doit être réalisé trois jours de suite. Il s’avère qu’entre le premier et le dernier texte rédigé, on le décrit autrement, car cet exercice permet de prendre de la distance avec les émotions qui y sont liées.On trouve un sens, une raison, une progression à cet événement.

L’écriture expressive ne se partage pas, elle est personnelle. Elle permet, dans le cas d’événements traumatiques, de trouver un cheminement, et finalement elle améliore l’état psychologique global de la personne.

 

ÉCRIT-ON POUR SOI OU POUR LES AUTRES ?

Nous vivons dans un pays où l’écriture occupe une place importante dans le psychisme collectif : il y a plus de Français qui veulent écrire un livre que de Français qui lisent des livres Publier est un fantasme courant. Pourtant, la publication est presque un leurre, et il me semble qu’il est presque plus satisfaisant d’écrire un texte, de le lire à un groupe, que de publier sans savoir s’il sera lu. Le plaisir d’écrire est le plus important. La période de crise sanitaire que nous vivons est particulièrement propice à l’écriture: elle nous aide à traverser ce moment, c’est un média formidable qui permet, alors que nous sommes très dépendants des contraintes.

 

Publié le 2 avril 2021

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