
Mel Robbins est coach et podcasteuse. Armée d’un bons sens synthétique inébranlable, elle ne s’embarrasse d’aucun paradoxe affectif ou relationnel pour énoncer son approche de presque toutes les situations appelées à nous tourmenter. Et pourtant, son enthousiasme sans nuance est rafraîchissant. Voici une synthèse de « The Let Them Theory » et de ses fondements psychologiques, en 7 points clés.
Lâcher prise sur ce qu’on ne contrôle pas réduit le stress et améliore notre bien-être.
1️⃣ Les autres font ce qu’ils veulent – Laisse-les.
Nous surestimons notre capacité à influencer les comportements d’autrui. Cette illusion nous pousse à vouloir corriger, conseiller ou contrôler ce qui, en réalité, échappe à notre pouvoir. Accepter que nous ne pilotons pas tout réduit notre irritation et nos inquiétudes. Si par exemple quelqu’un occupe tout le temps de parole lors d’une réunion, plutôt que de soupirer pour partager son agacement, accepter que cette personne agit selon ses propres motivations et concentrons nous sur la formulation de notre future intervention.
Concept : L’illusion du contrôle* (Langer, 1975)
2️⃣ Les gens pensent beaucoup moins à nous que nous l’imaginons. – Laisse-les
En réalité, chacun·e est principalement préoccupé·e par ses propres pensées et ne consacre qu’une fraction de son attention aux autres. Lors d’une étude menée auprès d’étudiants auxquels on a demandé de porter deux chaussures différentes pendant une journée, seulement 2% d’entre eux ont rapporté avoir été interrogés par quelqu’un à ce propos. Nous sommes donc bien seul·e·s à accorder de l’importance à la tache que nous avons sur notre pull.
*Concept : La focalisation égocentrique* (Gilovich et al., 2000)
3️⃣ On ne peut pas convaincre tout le monde – Laisse-les.
Quand on est trop insistant auprès quelqu’un, la personne a tendance à résister pour affirmer son autonomie. C’est universel. Le phénomène est bien connu lorsqu’on essaie de persuader quelqu’un de manger plus sainement, plus on s’entête, plus l’autre se braque. Ce qui reste en notre pouvoir reste d’exposer nos idées ou témoignages calmement en laissant chacun·e tirer ses propres conclusions.
*Concept : La réactance psychologique* (Brehm, 1966)
4️⃣ Certains ne nous aimeront pas – Laisse-les.
Notre cerveau est câblé pour accorder plus d’importance aux critiques qu’aux compliments. Nous nous focalisons donc sur ceux qui ne nous apprécient pas, même si la majorité de notre entourage nous aime bien. Réaliser que l’on ne peux pas plaire à tout le monde et que ce n’est pas grave nous aide à avancer sans chercher l’approbation universelle. Si quelqu’un ne nous aime pas sans raison apparente, mieux vaut l’accepter et chercher plutôt à renforcer les liens avec ceux qui nous apprécient.
*Concept : Le biais de négativité* (Baumeister et al., 2001)
5️⃣ Chacun a son propre parcours – Laisse-les
Un individu suit son propre cheminement psychologique, évidemment différent du nôtre, et évolue à son rythme en fonction de son vécu, de ses expériences et de ses besoins. Le reconnaître et l’accepter permet de cultiver des relations plus sereines avec celles et ceux qui nous entourent et d’encourager leur épanouissement personnel. Si par exemple notre enfant ou ami·e fait un choix qui nous semble étrange, faire confiance à son processus d’apprentissage.
*Concept : L’individualisation du développement* (Erikson, 1950)
6️⃣ Moins de certitudes = plus de sérénité – Laisse-les
Accepter que l’imprévu fait partie de la vie permet de déclencher sa flexibilité. Cela améliore en tout point notre santé mentale intervient en réduction du stress. Quand un projet ne se déroule pas comme prévu, s’adapter plutôt que se battre contre un impondérable, accélère la mise en route de notre résilience. La fête est prévue dehors mais il pleut ? Se concentrer sur les solutions.
*Concept : La tolérance à l’incertitude* (Buhr & Dugas, 2002)
7️⃣ Acceptons, adaptons-nous et avançons – Laisse-les
Lorsqu’un changement se présente, le métaboliser et aller de l’avant évite de souffrir inutilement et nous permet d’accueillir de nouvelles opportunités. Cependant, Tel Ben Shahar souligne que la première phase de l’acceptation est souvent l’expression de notre humanité. Eprouver de la frustration, de la déception, de la tristesse, de l’embarras, etc, est parfaitement normal. Il est ensuite à notre portée de nous remettre en marche, dans une autre direction. Les personnes les plus heureuses sont celles qui acceptent le changement et s’adaptent rapidement.
*Concept : La résilience et la flexibilité cognitive* (Bonanno, 2004)
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Pour l’anecdote, des américain·e·s friand·e·s de cette vision des relations portent un tatouage Let them. Inspiré du poème : “Just let them » de Cassie Phillips. On en trouve des exemples sur les réseaux. Voici le poème.
Laisse-les*
S’ils veulent choisir autre chose ou quelqu’un d’autre à ta place, laisse-les.
S’ils peuvent passer des semaines sans te parler, laisse-les.
S’ils se contentent de ne jamais te voir, laisse-les.
S’ils privilégient toujours leur propre personne, laisse-les.
S’ils te montrent qui ils sont réellement, au lieu de ce que tu croyais, laisse-les.
S’ils préfèrent suivre la foule, laisse-les.
S’ils te jugent ou te comprennent de travers, laisse-les.
S’ils agissent comme si ta présence ne comptait pas, laisse-les.
S’ils veulent sortir de ta vie et partir, tiens-leur la porte ouverte et laisse-les.
Laisse-les te perdre.
Ils ne t’ont jamais vraiment possédée,
parce que tu as toujours été tienne.
Alors laisse-les.
*traduction effectuée par Chat