Connaissez-vous vraiment votre mère ?

Article
Laisser un commentaire

Attention, saga puissante !

Dernier bateau pour l’Amérique est une reconstitution inhabituelle. Une histoire inventée pour donner corps à la réalité de la vie de l’autrice et de sa mère. A la mort de cette dernière, Karine Lambert reçoit un message auquel elle ne s’attendait pas. Sa terre s’est ouverte en deux, créant le nouveau territoire d’une histoire familiale, dont elle ignorait tout.

Mais ce qu’elle connaissait si bien étaient les insuffisances de ses parents à son égard. La solitude, le manque d’amour, l’incompréhension et les souffrances de leur relation avec elle.

Karine Lambert est devenue autrice à 50 ans passé.  Elle publie aujourd’hui son 6e roman et je comprends aujourd’hui que la virtuosité de tous ses textes précédents la préparait à celui-ci. Il faut être une sacrée conteuse pour reconstruire avec tant de réalisme des vies et destins qui vous touchent et vous forgent. 

Un roman inhabituel qui vogue entre une enquête historique et la visite guidée des conséquences psychologiques que celle-là infligera à la structure même d’une petite fille.

Le cabossage généralisé est vertigineux et probablement bien plus universel qu’on ne l’imagine, jusqu’à dans nos propres familles. Ce récit introduit de l’indulgence pour nos propres parents/enfants de la guerre.     

Karine Lambert est la majesté de ce récit, transparente et attachante. Elle se connait si bien, que sa lucidité est un cadeau pour nous qui la lisons. Elle a tiré au maximum la toile de cette épopée sans qu’elle ne craque et a enfin pu se fabriquer, une famille, sa famille, des liens, des gens, des destins et des créations.

L’amour est aussi complexe, et ce livre est limpide.

Dernier bateau pour l’Amérique par Karine Lambert. Ed. La belle étoile – Hachette Fictions (352 pages), 2024.

Résumé

On a bien failli le rater, ce bateau de la dernière chance. On nous a prévenues à 6 heures du matin que le Serpa Pinto avait enfin accosté au vieux port. Nous avons rassemblé nos affaires à la hâte et nous sommes parties avec les valises et les paquets à travers les rues sinueuses de Marseille, soufflant, trébuchant, courant comme des poules sans tête. Les passants nous regardaient ébahis. Moi je craignais qu’on se trompe de direction. J’ai découvert le navire en deux temps. D’abord l’odeur de la fumée. Puis en arrivant sur le quai, l’immense coque noire et les trois cheminées rouges alignées. Il était sur le point de larguer les amarres. Valia a crié : « Attendez-nous ! »

Anvers, 10 mai 1940. Pianiste prodige, Germaine Schamisso s’apprête à fêter ses dix ans au moment où les Allemands envahissent la Belgique. Benjamine d’une famille d’émigrés juifs russes, elle fuit avec les siens.

Bruxelles, aujourd’hui. Karine Lambert apprend la mort de Germaine, sa mère, qu’elle n’a pas vue depuis vingt ans. Surgit alors chez la romancière le désir de comprendre qui était cette femme qui ne lui a jamais dit qu’elle l’aimait. Ni avec ses mains, ni avec ses yeux, ni avec ses mots. Encore moins avec ses baisers. Au fil des mois, son enquête la conduit d’Odessa à Anvers, de Marseille à Ellis Island, de New York à Bruxelles. Elle découvre le tumultueux destin de ses ancêtres, leurs déchirures, leurs secrets enfouis. La vie que sa mère ne lui a pas racontée, elle décide de l’imaginer.

Dans une narration virtuose entre les lieux et les époques, Karine Lambert livre son roman le plus personnel.


Acheter le livre

Publié le 14 mars 2024

Étiquettes : ,

Devenez animateur.trice d’ateliers de psychologie positive
Devenez animateur.trice d’ateliers de psychologie positive

Commenter