Chronique de Florence Servan-Schreiber pour Psychologie positive

Nommer pour ressentir

Chronique Psychologie positive Magazine
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Connaissez-vous le caphun ? C’est un terme portugais qui désigne le fait de passer ses doigts dans la chevelure de quelqu’un que l’on aime. Ou le datzuzoku, qui consiste à se libérer de la routine pour faire quelque chose d’inattendu ? Et mon préféré, peut-être, l’intraduisible gökotta, prononcé «yeuh-kottah» : une balade matinale en forêt, culminant en un pique-nique dans une clairière, lors de laquelle on espère entendre chanter le coucou, qui vient de rentrer de sa migration saisonnière (car c’est le jour de l’Ascension) et qui annonce la bonne ou la mauvaise fortune de la personne qui l’entend. Ce mot-là est suédois. Allez encore un petit. Le guru bengali, qui n’est pas un maître spirituel, comme en sanskrit, mais une amitié fraternelle empreinte d’admiration.

 

La lexicographie positive

Chacun de ces mots est extrait d’une « lexicographie positive » entreprise par Tim Lomas, maître de conférence en psychologie positive à l’université de East London. Son projet consiste à rassembler les mots et expressions du monde entier qui traduisent une sensation de bonheur, du bien-être, ou la subtilité des sensations qui nous procurent du plaisir et de la joie. Sa liste regroupe pour le moment un peu plus de 400 mots piochés dans les lexiques de soixante-deux langues différentes. Car Lomas est persuadé que nous ne ressentons pas certaines sensations particulières simplement parce que nous ne les nommons pas. Pouvoir décrire est ressentir.

L’idée de cette enquête lui est venue au 4ème congrès international de Psychologie Positive qui donnait la parole à une chercheuse finlandaise sur le sisu. Le sisu est un cousin de la persévérance que nous connaissons bien, sauf qu’il intègre de la détermination et du courage, même si l’issue est incertaine. C’est une qualité particulièrement prisée en Finlande, une vrai partie de la culture locale.

 

Et en français ?

Alors quels sont les mots français que nous offrons au reste du monde pour définir ce qui nous anime positivement ?

S’apprivoiser : car le processus est mutuel

Beau geste : pour sa noblesse, particulièrement s’il est futile et sans attente de retour

Bon vivant : forcément

Bricolage : dans le sens de construire quelque chose à partir de rien

S’entendre : non pas pour le niveau de décibels, mais pour la compréhension

Exaucer, flâner, flâneur et frimousse

Frisson : une combinaison d’excitation, d’attente et de peur

Laissez-faire : ce let it be bien de chez nous

Savoir-être, savoir-faire et savoir-vivre : tout ce que nous considérons qu’il faille savoir…

 

La liste n’est pas beaucoup plus longue que cela, mais comme sa démarche est participative, je lui ai écrit pour lui suggérer le mot :

Kif : instant, circonstance, échange ou sensation qui provoque un élan de gratitude.

Peut-être voyez-vous, ressentez-vous ou connaissez-vous des mots qu’il n’a pas encore identifiés ?

Et si vous les lui proposiez, aussi ?

 Psychologie Positive

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