Le samedi 27 mai 1989, à cette heure-ci, j’étais officiellement mariée depuis 3 h30.

Ce vendredi 27 mai 2011, je suis maintenant mariée depuis 22 ans et trois heures trente. Ca n’est pas tout à fait pareil. Nous avons d’ailleurs failli ne pas y penser. Hier soir je m’en suis souvenue. Alex a reconnu que c’était bien demain. Et ça nous a attendri.

Mes parents à moi se sont quittés au bout de 22 ans de mariage et sont ré-unis, chacun de leur côté, depuis 20 ans au moins. Les parents d’Alex se sont eux, mariés il y a 52 ans. Nos exemples antécédents sont donc des voyageurs au long cours. Est-ce que cela suffit à expliquer pourquoi nous rions toujours ensemble ?

Je n’aurais pas la fourberie de prétendre que nous sommes arrivés ici en voguant sur des eaux calmes. C’est un travail immense de s’aimer pour longtemps. D’abord de se l’autoriser, à soi, puis de l’accorder à l’autre, à nous, aux nôtres, aussi.

Le jour de notre mariage, nous n’avons pas posé pour le photographe. Trop occupés à deviser, danser et boire, aussi. Il pleuvait comme jamais la Provence n’avait vue. Jamais. Un déluge total, boueux et tellement trempé. Mais mes ballerines de paille devenues mottes de terre ne m’ont pas empêchée de vibrer et de fêter.

Le lendemain, pas vraiment tout frais, nous avons enfin posé. Voilà ce que cela a donné. C’était bien ma robe de la veille. Pour le reste, nous ne sommes plus surs de rien.

Mais comme nous y sommes jeunes, dans cet instant. Les joues tellement rebondies. J’y vois des enfants qui se prenaient pour des grands à jouer à être mariés. Et pourtant, pour nous, c’est à ce moment là que nous nous sentions si adultes et prêts. Aujourd’hui nous le sommes devenus, des grands, pour de vrai. Et encore, ni lui ni moi ne nous plaisons à l’être totalement.

Mais quelle loterie incroyable de se dénicher avec un potentiel de croissance, de changement, d’adaptation et de volonté qui reste compatible. Quelle sagesse aussi de ne pas tout scruter pour guetter les déceptions, les trahisons et les abandons. Quelle chance surtout d’admirer celui ou celle avec laquelle on vit, on grandit, on s’écharpe et on se reproduit.

La psychologie positive démontre que ce que l’on croit qu’est l’autre compte plus que ce qu’il ou elle est véritablement. Que l’admiration est une trame plus solide que le désir, que les engueulades sont saines si la relation devient le troisième membre de la discussion et que tous sont d’acord pour ne pas l’endommager de façon irréversible.

Mon meilleur supporter, fan et inspirateur est dans cette photo. J’admets bien mieux maintenant tout ce que nous lui devons, le cours de ma vie et moi. Vivre avec lui m’a rendue plus jolie, car toujours et encore, je me sens tant aimée.

Devenez animateur.trice d’ateliers de psychologie positive
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6 commentaires sur “22 ans”

  • Claire dit :

    « Vivre avec lui m’a rendue plus jolie, car toujours et encore, je me sens tant aimée »…c’est si vrai, si vrai, et Dieu sait que nous avons ri… il m’a juste manqué 20 ans, mais le bonheur plein, celui qui comble,qui n’a pas eu le temps d’être éprouvé, seulement par la mort, je l’ai eu pendant 2 années.. « je suis heureuse d’avoir saisi la chance à un moment où la chimie nous a réunis »
    Un grand merci

  • Ally dit :

    J’aime la façon dont tu racontes. Et cette idée de n’avoir qu’une photo posée car l’importance était dans vivre les instants… Mais quelle photo, elle est sublime…

  • Mlle A dit :

    Voilà un très beau message (suivi d’un très beau commentaire) qui fait rêver sur l’amour qui dure… au moins 22 ans 🙂

  • Mlle A dit :

    Voilà un très beau message (suivi d’un très beau commentaire) qui fait rêver sur l’amour qui dure… au moins 22 ans 🙂

    • Florence Servan-Schreiber dit :

      On peut arrondir à 25, car chaque jour compte, dès le début. J’embrasse Mlle A, au passage.

  • AxB dit :

    Je tiens à confirmer par la présente que je suis marié à cette personne depuis 22 ans. En fait j’en suis amoureux depuis un quart de siècle maintenant. J’ai l’habitude de dire autour de moi chaque fois que je parle de cette femme que « c’est la fille avec qui je suis en ce moment »…depuis un bout de temps. En ce moment car comme elle le dit si bien (un de ses nombreux talents de dégourdie) c’est « one day at a time »- un genre de « un jour à la fois…où à chaque jour suffit sa peine ». Je me couche à côté d’elle content la plupart du temps mais heureux de la voir me réveiller et même si je râle, je moufte ou je me tourne pour lui offrir mon splendide dos, je sais que quand elle n’est pas là pour elle aussi « critiquer positivement », « me souligner au passage… », « me faire rendre compte », ou de me « laisser faire (quelque chose) », ben au bout d’un temps court ça me manque. Mais de jour aussi elle est présente et importante, parfois trop pour l’un et pas du tout pour l’autre mais jamais négligeable. Ce n’est juste de l’habitude car pour moi c’est signe de lassitude mais plutôt de gratitude, je suis heureux d’avoir saisi la chance à un moment où la chimie nous a réunis…depuis 25ans. Gratitude car on respecte qui on est et on fait encore l’effort. Je suis conquis parce que cette fille, la fille avec qui je suis, elle m’épate où me complète, ce n’est pour le moment pas encore une commodité. Et demain c’est un autre jour.
    AxB

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